Orientations paradigmatiques et Options méthodologiques

English version infra.

L’orientation paradigmatique : l’interactionnisme symbolique

Les trois orientations de recherche (les fragmentations sociales et territoriales ; l’imaginaire urbain ; les processus de périurbanisation) trouvent leur cohérence, d’une part, dans une vision commune du monde urbain appréhendée à partir d’une perspective interactionniste et, d’autre part, dans une démarche qui rend visible à la fois le versant réflexif (les discours) et le versant pratique (le faire) de la vie urbaine. Le projet sous-jacent aux trois orientations de recherche se situe dans une volonté de montrer que les phénomènes urbains (processus de ghettoïsation, imagination de la ville, multiplication des centralités) prennent forme en grande partie dans les interactions qui se déroulent au sein de la ville entre les citadins eux-mêmes, entre les citadins et l’espace, entre la ville et l’urbain, entre le centre et la périphérie, entre les (péri)ruraux – les « pré-urbains » – et les (péri)urbains, ou encore entre les multiples univers sociaux.

L’option méthodologique : la méthode progressive

Notre expérience de sociologue nous a montré que pour appréhender la réalité sociale le plus finement possible dans toutes ses dimensions, tant socio-économiques que culturelles et institutionnelles, il est nécessaire de conjuguer les méthodes d’investigation quantitatives et qualitatives. Aussi faut-il croiser l’enquête par questionnaire avec les entretiens (semi-directifs, non-directifs, focus groups…) et l’observation en continu (directe, participante, active…).
C’est, 1/ par les questionnaires que nous pouvons obtenir une photographie à un moment T.0 des caractéristiques générales d’une population donnée et des points de vue des individus sur la ville, et, 2/ par les entretiens que nous sommes en mesure de préciser les données quantitatives et d’affiner ainsi le « dire » des questionnaires. C’est par ailleurs en mettant en perspective les manières de penser et les manières de faire plus ou moins conscientes, que nous appréhendons les formes que revêt la réalité quotidienne du monde urbain, d’où le recours à l’observation ethnographique. Parce que les individus ne réfléchissent pas forcément toujours à ce qu’ils font, parce qu’ils reconstruisent parfois la réalité et parce qu’ils se contredisent aussi, il est pertinent de prendre en compte dans une étude sociologique à la fois le « dire », le « dire sur le dire », le « faire » et le « dire sur le faire ».
Comme le montre le schéma ci-dessous, c’est dans le croisement de deux axes méthodologiques que la réalité sociale se saisit le mieux. Cette méthodologie représentée par un repère orthogonal (croisement de deux axes) permet d’étirer, de travailler et de tordre la réalité sociale pour mieux en appréhender les plis (creux et saillances) de la vie urbaine. Ce dispositif méthodologique est progressif, dans le sens où il accompagne les transformations d’un espace urbain, et quadrangulaire, dans la mesure où il se structure autour de quatre pôles (quantitatif/qualitatif, discours/pratiques). Nous appelons cette méthode : la méthode progressive. Nous venons de mettre à l’épreuve la méthode progressive dans le cadre d’une recherche portant sur la vie au sein du périurbain de Nancy.

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Paradigmatic orientations and methodological options

Paradigmatic orientation : symbolic interactionism

The three research topics (social and territorial fragmentation ; city planning ; the periurbanisation process) come together, on the one hand, because of a common vision of the urban world from an interactionist viewpoint and, on the other hand, as part of the process of raising the profile of the reflexive side (the discourse) and the practical side (the doing) of urban life. The underlying project of the three research subjects is to show that periurban phenomena (the process of ghettoisation, urban design, multiplication of centralities) take shape mainly through the interaction in the heart of the town itself, between the inhabitants themselves, between the city dwellers and the area they live in, between the town and the urban environment, between the centre and the periphery, between the (peri)rural / the pre-urban and the (peri)urban, or even between the many diverse social worlds.

Methodological option. The Progressive method

As sociologists, we realise that in order to understand social reality in all its aspects – socio-economic, cultural and institutional – we need to employ both quantitative and qualitative investigative methods. We also need to cross-check the survey questionnaire with interviews (semi-structured, non-directive, focus-groups…) and continual observation (direct, participating, active…).
It is, 1/ by using questionnaires that we obtain a photograph of the general characteristics of any given population at a particular moment in time and the points of view of the town’s inhabitants, and 2/ by interviewing people that we are able to clarify the quantitative data and improve the ‘what people say’ of the questionnaires. Furthermore, it is by putting into perspective the more or less conscious ways of thinking and doing, that we understand the day-to-day reality of the urban world, hence the use of ethnographic observation. Because individuals do not necessarily think about what they are doing, because they sometimes reconstruct reality and perhaps contredict themselves too, that it is advisable, in sociological studies, to take into account not only the ‘what people say’, the ‘what people say about what people say’ but also the ‘what people do’ and the ‘what people say about what people do’.
As shown in the diagram below, social reality is best understood by examining the intersection of the two main methodological options. This method, represented by an orthogonal benchmark (the intersection of the two main options), allows us to stretch, work and tweak social reality so that we can better understand the creases (both hollow and prominent) of urban life. This way of working is not only progressive in that it follows the ever-changing urban space but it is also quadrangular because it is built around four poles (quantitative/qualitative, discourse/practicality). We call t
his method : The Progressive Method.  We have just tested this progressive method as part of a study on life in the heart of the peri-urban areas of Nancy.

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