Fondements théoriques

English version infra.

L’hypothèse de Henri Lefebvre, qui envisageait dès les années 1960 une urbanisation totale de la planète, se vérifie de plus en plus. En un siècle, le nombre de citadins à travers le monde a en effet été multiplié par douze. Aujourd’hui, force est de constater que 55 % de la population mondiale réside dans une ville, soit plus de 3,9 milliards de personnes, et que l’urbain s’infiltre et se diffuse partout, tant en Europe, en Amérique qu’en Asie, tant dans les pays du nord que dans les pays du sud. Ne sommes-nous pas en présence d’un fait social total dans la mesure où ce mouvement affecte les conditions d’existence, les manières de vivre et de se définir, les façons de faire et de penser, les modes de communication et les pratiques consommatoires ? Il n’est jusqu’aux rares communes rurales, « traditionnelles », qui ne soient épargnées par ce processus historique planétaire. Il devient donc plus que jamais nécessaire de réfléchir à l’urbain, au citadin et au rapport qu’ils entretiennent entre eux. À ce propos, il est intéressant de réfléchir sur les façons dont la ville est pensée et construite, et les manières dont elle impose ses propres formes à la fois abstraites (imaginaire) et concrètes (morphologie physique). De ce point de vue, la ville apparaît comme un artefact, c’est-à-dire un construit humain. Les modalités d’existence de cet artifice se déclinent à travers le registre de la création, de la production, de l’utilisation ou encore de la diffusion, et leur analyse revêt un intérêt heuristique certain. Parmi les multiples dimensions de cette création humaine que représente le monde urbain, il paraît important de privilégier trois objets de recherche qui, en raison même de leur actualité, permettent de rendre visible la complexité de la ville d’aujourd’hui : 1/ les fragmentations sociales et territoriales, 2/ l’imaginaire de la ville et 3/ les processus de périurbanisation.

Theoretical Foundations

Henri Lefebvre’s hypothesis in the early 1960’s of a total urbanisation of the planet is becoming increasingly valid. In one hundred years, the number of people living in towns and cities has multiplied by twelve. It is worth noting that today 55% of the world’s population, that is 3.9 billion people, live in urban areas. Urban areas infiltrate and spread everywhere – in Europe and in America and Asia, both in the northern and the southern hemispheres. Is it not true that we are facing a total social fact where this phenomenon affects not only our standard of living but also our way of life, how we see ourselves, our way of doing and thinking, our way of communicating and our consumer practices ? Not even the traditional rural communities have remained unaffected by this worldwide, historical process. It has, therefore, become vital that we consider both urbanism and city dwellers and the relation between the two. It is interesting to consider the ways in which a town/city is planned and built and the ways in which it imposes itself both abstactedly (planning) and concretedly (its physical form). From this point of view, the town /city can be seen as an artefact, i.e. a human construction. Its creation, its productivity, its usage and even its spread has a certain heuristic interest. Among the many facets of this human creation that represents the urban world, the importance of three research projects should be particularly emphasised because of their topical relevance and the fact that they allow us to visualize the complexities of towns /cities today : 1/ the social and territorial fragmentation, 2/ city /town planning, and 3/ the process of periurbanisation.