La thèse avancée dans cet ouvrage défend l’idée selon laquelle, le monde urbain actuel est à la fois marqué par une forte mobilité et par le succès planétaire du principe de séparation. La ville, de plus en plus éloignée de la ville historique, à taille humaine et aux frontières bien délimitées, pour prendre le chemin d’une ville informe s’étendant à l’infini et où les flux transgressent sans scrupules les frontières nationales, voit se développer en son sein des séparatismes sociaux et spatiaux. Les ségrégations sont devenues dans la ville d’aujourd’hui un élément omniprésent, séparant riches et pauvres, classes ouvrières et classes moyennes, étrangers et nationaux, chômeurs et actifs, élites mobiles et indigents sédentaires, ou encore croyants et non croyants. Aussi est-il possible de repérer toute une série d’espaces bien identifiés, circonscrits, que l’on peut qualifier de « ghettos ». Dans la ville contemporaine se développent ainsi d’un côté, des « ghettos par le haut » (centres-villes gentrifiés, quartiers bourgeois, gated communities, megachurches…) et de l’autre, des « ghettos par le bas » (bidonvilles, favelas, cités d’habitat social précarisées…). Face à cette partition urbaine fortement accentuée, la question centrale est de savoir si ces nombreux espaces ghettoïsés ne représentent pas un risque majeur pour la cohésion et le développement durable des ensembles urbains, l’équilibre entre les pays riches et les pays pauvres.