LE CHÂTEAU DE CHAMPS-SUR-MARNE (Champs-sur-Marne – Seine-et-Marne) – Mai 2025. Construit entre 1703 et 1707 par les architectes Pierre Bullet et son fils Jean-Baptiste Bullet de Champlain pour le compte de deux financiers de Louis XIV, Charles Renouard et Paul Poisson de Bourvallais, le château de Champs-sur-Marne, avec son plan en U à deux courtes ailes avançant sur la cour d’honneur et sa façade sobre et harmonieuse, est typique des hôtels particuliers du début du XVIIIIe siècle. La distribution des pièces témoigne de l’évolution de la société vers la recherche de davantage de confort. Comme à Vaux-le-Vicomte, le corps central est traversant : le vestibule d’entrée donne sur le grand salon qui lui-même ouvre sur le parc et les jardins. En outre, le vestibule permet d’accéder aux pièces de services et aux escaliers, et le grand salon distribue les pièces de réception, et notamment une salle à manger autonome – ce qui est tout à fait novateur pour l’époque.
Le domaine de Champs connaît de nombreux propriétaires au cours de son histoire, notamment le banquier Louis Cahen d’Anvers, passionné par le XVIIIe siècle, qui l’acquiert en 1895. Il en fera un lieu de réception très couru de la Belle-Époque. Son fils Charles donnera en 1934 la demeure restaurée à l’État français. Le château sera rapidement classé parmi les monuments historiques. |
NOTRE-DAME DE PARIS (Paris – 4e) – Mai 2025. Située sur l’île de la Cité, au cœur même de la capitale, la cathédrale Notre-Dame est un des monuments emblématiques de la France, et même du monde. Commencée en 1163, sa construction dure environ deux siècles, jusque dans les années 1360. Après la Révolution française, la cathédrale bénéficie, entre 1845 et 1867, d’une importante restauration, parfois controversée, sous la direction de l’architecte Viollet-Le-Duc, qui y incorpore des éléments inédits, dont une nouvelle flèche de 96 mètres de hauteur. Pour ces raisons, le style n’est pas d’une uniformité totale : la cathédrale possède à la fois certains des caractères du gothique primitif et du gothique rayonnant. Ce qui en fait un des joyaux de l’architecture médiévale, ce sont les deux rosaces qui ornent chacun des bras du transept : elles sont parmi les plus grandes d’Europe.
Le 15 avril 2019, un violent incendie détruit la flèche et la totalité de la toiture couvrant la nef, le chœur et le transept. Fermée au public et au culte, l’État français décide rapidement de sa reconstruction à l’identique – ce qui sera un objet de controverses au sein du monde des architectes du patrimoine –, et il fixe comme objectif une réouverture au culte 5 ans après. La réouverture de l’édifice se fera le 8 décembre 2024. La reconstruction de Notre-Dame, dans des délais aussi courts, a été possible grâce au mécénat international : 340 000 donateurs à hauteur de près d’un milliard d’euros, du jamais vu dans l’univers du mécénat. |
LE MOULIN SAULNIER – CHOCOLATERIE MENIER (Noisiel – Seine-et-Marne) – Mai 2025. Dénommé « la cathédrale sur l’île de la Marne », le moulin Saulnier, qui utilisait l’énergie hydraulique, était la pièce maîtresse de l’ancienne chocolaterie Menier : il permettait de broyer les fèves de cacao pour produire du chocolat. Le bâtiment industriel que l’on peut voir aujourd’hui est en fait le quatrième moulin commandé par Émile-Justin Menier (1826-1881), fils du propriétaire de la chocolaterie Antoine-Brutus Menier (1795-1853). Conçu par l’architecte Jules Saulnier, disciple d’Eugène Viollet-Le-Duc, le moulin est un des premiers bâtiments au monde à structure métallique apparente. Émile Justin Menier ne regarda pas à la dépense, et demanda à ce qu’il soit richement décoré de céramique. Le pignon sud accueille une horloge entourée d’une rosace polylobée ornée de cabosses ; cette horloge, abritée par un auvent, est placée en saillie à la hauteur de la toiture. Juste en dessous, nous pouvons lire le M de la dynastie Menier (cf. photo). |
LE CHÂTEAU DE LA ROCHEFOUCAULD (La Rochefoucauld – Charente) – Avril 2025. Construit en grande partie au début du XVIe siècle à l’emplacement d’une forteresse féodale du XIe siècle dont ont été conservées les tours, le château de La Rochefoucauld est considéré aujourd’hui comme la « perle de l’Angoumois ». En effet, ce château, demeure des La Rochefoucauld, est un florilège de plus de six siècles d’architecture. Il s’agit en outre du plus imposant château de Charente – situé à 30 km au nord-est d’Angoulême.
Les deux corps de logis érigés entre le XVIe et XVIIIe siècle laissent apparaître un foisonnement de sculptures et des dentelles de pierre au-dessus des fenêtres situées au niveau du toit datant de la première période de la Renaissance. L’originalité la plus profonde du château réside dans le décor de la cour d’honneur entourée de portiques à arcades sur trois niveaux – unique en France –, et dans celui de l’escalier hélicoïdal de 108 marches sans palier se terminant par un palmier d’ogives. Le noyau central torsadé de cet escalier en pierre dispose de panneaux à moulures géométriques qui rappellent les châteaux de Blois et de Chambord. |
LA PISCINE MOLITOR (Paris – 16e) – Février 2025. En 1929, la piscine Molitor ouvre ses portes pour compléter le centre sportif qui se mettait en place dans le 16e arrondissement de Paris avec le Parc des Princes, le Stade Jean Bouin et le complexe de Roland Garros. Dessinée par l’architecte Lucien Pollet, elle est restée célèbre pour sa décoration Art déco, inspirée des paquebots (en raison des fenêtres hublots), mais également par l’association d’une piscine couverte et d’un bassin olympique à l’air libre qui, chaque hiver, se transformait en la plus grande patinoire de Paris. Ce bassin de 50 m était entouré de deux niveaux de cabines. Molitor sera pendant 60 ans la piscine la plus courue de Paris pour ses deux bassins bien sûr, ses séances d’entraînement des champions français de patinage, sa salle de culture physique, ses défilés de mode – c’est ici qu’a lieu la première apparition du bikini le 5 juillet 1946 lors du défilé proposé par Louis Réard son créateur –, ou encore ses galas nautiques et ses représentations théâtrales. En 1989, la piscine ferme ses portes définitivement. Inscrite au titre des monuments historiques en 1990, elle est toutefois en grande partie détruite en 2012. Un établissement hôtelier d’inspiration Art déco avec deux piscines est reconstruit à sa place au milieu des années 2010. |
LE CHÂTEAU DE LA MALMAISON (Rueil-Malmaison – Hauts-de-Seine) – Février 2025. Construit au XVIIe siècle, le château de la Malmaison est acquis en 1799 par Joséphine de Beauharnais, épouse de Napoléon. Le couple Bonaparte demande aux architectes Charles Percier et Pierre Fontaine de rénover et redécorer la bâtisse au goût de l’époque. Ils transformeront ainsi la vieille demeure en un exemple, rare aujourd’hui, de style consulaire. À partir de 1800, le château devient, avec les Tuileries, un des cœurs du gouvernement français pendant le Consulat. S’y succèdent réunions de travail, réceptions, concerts, bals et jeux champêtres. Bonaparte y séjournera régulièrement jusqu’en 1804 avant de choisir le château de Saint-Cloud. Il y vient encore quelquefois jusqu’à son divorce en 1809. Joséphine recevra alors La Malmaison en pleine propriété, et en fera sa demeure principale.
Aujourd’hui château-musée, La Malmaison donne à voir le cadre de vie du couple. Différentes pièces de l’époque sont ainsi reconstituées, notamment la bibliothèque en acajou de Napoléon ou encore la chambre ovale où mourut Joséphine en 1814 (cf. photo). |
LA VILLA SAVOYE (Poissy – Yvelines) – Février 2025. Située sur la commune de Poissy au nord-ouest de Paris, la villa Savoye a été construite entre 1928 et 1931 par Le Corbusier pour Pierre Savoye et son épouse Eugénie. Ils acceptent d’emblée le projet architectural de l’architecte avant-gardiste, projet qui se caractérise par sa pureté et son harmonie. En effet, cette construction, baptisée « les Heures claires » par ses propriétaires et qualifiée de « machine à habiter » par son concepteur, est constituée d’un parallélépipède blanc soutenu par de fins pilotis, avec sur son pourtour des fenêtres en bandeau et surmonté de toits terrasses. Demeure privée pour les week-ends, la villa Savoye, boîte presque carrée (21,50 m x 19 m) posée sur une base circulaire, est la parfaite illustration de la théorie des cinq points de l’architecture moderne formulée en 1927 par Le Corbusier : les pilotis, le toit terrasse, le plan libre, les fenêtres en bandeau et la façade libre.
Cette maison ne sera que peu habitée par la famille Savoye car elle n’est pas adaptée au climat, et déçoit ses propriétaires : très vite en effet des fissures et des fuites d’eau apparaîtront. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la villa sera réquisitionnée par les Allemands puis occupée par les Américains. À partir de 1963, la villa est restaurée ; elle sera classée quelques années après au titre des monuments historiques, et depuis 2016, elle est inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité avec 16 autres œuvres de Le Corbusier. |
LE MUSÉE SOULAGES (Rodez – Aveyron) – Janvier 2025. En 2005, Pierre Soulages et son épouse Colette font don de près de 250 œuvres et de nombreux documents à la Communauté d’agglomération du Grand Rodez. Afin d’accueillir cette donation, rapidement labellisée « Musée de France », le Grand Rodez engage des démarches pour l’édification d’un musée au centre de la ville de Rodez. Même si de nombreuses oppositions se font jour pendant plusieurs années au sein du Conseil communautaire et parmi les Ruthénois, le projet sera finalement adopté en mai 2009, et le Musée Soulages ouvrira ses portes en mai 2014. Situé au sein du parc du Foirail, à quelques centaines de mètres du centre historique de la cité, il est l’œuvre de l’agence d’architecture catalane RCR Arquitectes (Prix Pritzker, 2017), associée pour ce projet au cabinet d’architectes Passelac & Roques. Conçu comme « un musée dans un jardin », il prend la forme de cinq parallélépipèdes d’acier rouge corrodé (acier Corten, appelé également acier auto-patinable, qui en s’oxydant crée une patine protectrice) (cf. photo). Le bardage en acier, avec ses différentes nuances, n’est pas sans rappeler le travail de Pierre Soulages. De 2012 à 2023, trois autres donations du couple Soulages permettront de présenter l’œuvre de l’artiste, des premières peintures figuratives de 1934 aux toutes dernières toiles de 2022. Il accueille plus de 100 000 visiteurs par an, et en 2021, un million de personnes avaient déjà franchi les portes de ce musée. |